Bien préparer son projet d’automatisation à travers la robotique
OIR
parVéritable pilier de l’industrie 4.0, la robotique industrielle peut beaucoup apporter à un industriel qui se lance dans un projet d’automatisation de son atelier de production, même plus qu’il ne le croit. À l’inverse, il risque aussi de créer une usine à gaz, s’il ne s’y prépare pas suffisamment.
Il y a quelques années déjà, plusieurs initiatives telles que le plan France Robots Initiatives, Robot Start-PME et Coboteam déployées par l’État, le Symop et d’autres partenaires actifs comme le Cetim avaient pour mission de convaincre les industriels français à se lancer dans l’achat d’un robot ou d’une cellule robotisée. L’idée est de démystifier la robotique industrielle et briser certains stéréotypes qui lui collent à la peau, faisant de la France l’un des pays de l’OCDE les moins équipés en la matière.
Aujourd’hui, force est de constater que même si la France accuse toujours un vrai retard, occupant toujours, en 2019, la 16e place mondiale avec 194 robots pour 10 000 employés, leur nombre ne cesse d’augmenter. « Globalement, Robot Start-PME a été une bonne chose car ce programme a permis de convaincre des patrons réticents à sauter le pas ; cependant, cela ne suffit pas toujours à faire accepter la robotique dans l’entreprise », souligne Jean-François Dupuy, intégrateur depuis près de vingt-cinq ans et dirigeant-fondateur depuis 2016 d’OIR.
Cette société de conseil, chargée d’accompagner les industriels (essentiellement des PME/TPE) dans leur projet d’automatisation, est née d’un constat : « beaucoup de projets se sont soldés par deux phénomènes : le premier est que l’entreprise est un peu déçue du résultat de la robotique car, ayant mal identifié son besoin au départ, elle s’est aperçue qu’avec la robotique, elle aurait pu faire davantage, déplore Jean-François Dupuy. Mais c’est le second cas de figure qui pose plus de souci : le besoin est bien identifié mais l’entreprise veut mettre immédiatement en place une installation dotée de nombreuses fonctionnalités et de briques technologiques ; cette intégration trop brutale et trop rapide se fait au détriment de la formation des équipes qui n’ont pas le temps de se former. La cellule est alors mal utilisée, voire purement et simplement abandonnée. »
Toujours faire appel à un professionnel pour se faire accompagner
Les multiples projets d’automatisation qui ont fleuri dans les usines françaises ces dernières années ont permis à Jean-François Dupuy de comprendre qu’une entreprise doit se faire accompagner dès le début, « c’est-à-dire dès l’identification du besoin. C’est mon rôle chez OIR, une entreprise que je dirige avec ma femme (qui se charge de la partie commerciale). Ensemble, avec le client, nous analysons les besoins, les problèmes et contraintes liés au process, aux possibilités avant de passer à l’estimation budgétaire pour rédiger un cahier des charges pleinement adapté aux attentes ». Ensuite, sont sélectionnés et mis en concurrence trois intégrateurs. Un tableau de comparaison permet ainsi de faire son choix et passer commande. « Nous pouvons même accompagner le client avec un projet d’étude jusqu’à la livraison ».
Afin de bien préparer l’acquisition de son premier robot, Jean-François Dupuy conseille de bien discuter avant avec un professionnel car bien souvent, en matière d’automatisation, le client peut imaginer beaucoup de choses alors que les technologies ne sont pas toujours au point ou, à l’inverse, sous-estimer les possibilités de la robotique, notamment en matière de flexibilité ; « à titre d’exemple, nombreux sont encore les industriels qui pensent que la robotique n’apporte rien sur de la petite série ; c’est souvent faux car elle réduit considérablement les temps de changement d’outillage et de pièces. Dans tous les cas, il faut se poser la question. »
Pour le second cas, celui de l’installation trop complexe et donc pas utilisée, tout réside dans la bonne identification du besoin et de l’objectif final. « Il ne faut pas tout faire d’un coup mais concevoir une installation par petits bouts, en prenant le temps de former les opérateurs au fur et à mesure. Surtout, l’un des prérequis réside dans la stabilisation du process. Enfin, il ne faut pas oublier que le robot ou le cobot ne sont que des outils, pas une fin en soi… » À bon entendeur…
Olivier Guillon
EQUIP PROD • N°136 Mai 2022