Entretien avec Fabrice Fillardet sur la brique « FAO » dans l’Industrie 4.0
OPEN MIND
parEn présentant en mars dernier sur Global Industrie la suite CAO/FAO hyperMILL dans le contexte de numérisation, d’automatisation et d’Industrie 4.0, Fabrice Fillardet, directeur de la filiale française d’Open Mind Technologies, est revenu sur le rôle central que joue la FAO dans la fabrication en réseau et dans les chaînes de processus numériques.
Le rôle de la FAO est-il de fournir de la donnée à d’autres systèmes de gestion des données ?
Pas seulement car la FAO offre beaucoup d’autres possibilités. Par exemple, pour les outils coupants, elle peut jouer un rôle central : utiliser des outils avec les bons paramètres est essentiel pour l’efficacité et la qualité de l’usinage. Un système de FAO doit aujourd’hui proposer une base de données d’outils afin de gérer les données et les paramètres des outils. D’autant plus que la re-saisie est coûteuse. Enfin, dans l’entreprise, l’utilisation d’outils génère des valeurs empiriques utiles, par exemple sur les durées de vie et les conditions de coupe, qu’il convient de documenter et d’utiliser.
À cela s’ajoutent les données de mesure de l’outil individuel lors de la préparation du travail. Et là encore, la mise en réseau est essentielle. D’une part, il devrait être possible d’importer des données de fabricants d’outils et de créer des données 3D d’outils afin qu’ils soient représentés de manière détaillée et fidèle pour la simulation dans le système FAO. D’autre part, les informations sur les outils devraient pouvoir être lues à partir de la machine et réécrites dans celle-ci. Il serait également judicieux de le relier à un système de gestion des outils incluant le contrôle des stocks.
La gestion des outil est certainement importante mais n’évoque pas vraiment l’Industrie 4.0 …
Nous considérons la digitalisation pour la plupart des entreprises comme une série d’étapes d’optimisation visant à simplifier toujours plus de processus par la collecte, l’analyse et le transfert de données. Je vais vous donner un exemple un peu plus passionnant : notre hyperMILL Virtual Machining Technology avec jumeau numérique de la machine et possibilité de communication bidirectionnelle avec la machine. Ainsi, nous avons maintenant une précision de simulation qui correspond à la machine réelle et nous rendons possibles de nouvelles fonctionnalités qui ne le seraient pas sans l’interconnexion entre le système FAO, la simulation et la machine réelle.
Pouvez-vous expliquer cela plus en détail ?
En tant que développeurs CAO/FAO, il nous est possible de créer un réseau et donc un échange d’informations entre les différents modules logiciels. Tous les processus de notre logiciel sont très étroitement liés. Du système FAO à la machine en passant par Virtual Machining. Cela nous donne la possibilité d’échanger des informations de manière bidirectionnelle. Nous pouvons ainsi transmettre des informations d’usinage à la simulation et simuler l’usinage en toute sécurité. Même si des surépaisseurs négatives ont été programmées ou si les trous ont été plus profonds ou n’ont pas été construits au bon diamètre. Ainsi, aucune collision présumée n’est affichée, puisque ces violations de composants sont intentionnelles et programmées. Un autre exemple est l’optimisation des processus. C’est grâce à ce lien étroit que l’on est en mesure d’optimiser le processus d’usinage.
En quoi consiste exactement l’optimisation des processus ?
Lorsque nous générons le programme CN, notre solution Virtual Machining connaît la programmation FAO mais également, grâce au jumeau numérique, toutes les spécifications et limites de la machine. Ainsi, pendant la génération du code CN, nous pouvons adapter les mouvements de manière optimale à la machine, trouver les meilleurs réglages et éliminer les mouvements de liaison inutiles. Le code CN est parfaitement adapté à la machine. Cela permet d’économiser du temps et de faciliter le travail lors de la programmation. Celle-ci peut se faire indépendamment de la machine. Le processus de fraisage est beaucoup plus fluide, en particulier sur les grandes machines dont les axes de rotation sont limités. Sans programmation supplémentaire, nous détectons par exemple une limitation d’un axe de rotation et insérons automatiquement des rembobinages.
EQUIP PROD – N°144 Mai 2023