Faire de la formation un atout stratégique dans le domaine de la coupe

Face aux nombreux problèmes de recrutement et de transmission de compétences, les industriels doivent prendre le sujet à bras le corps afin d’être en mesure de pérenniser leur production et répondre à certaines commandes importantes. Depuis plus de dix ans, Seco a mis en place une offre de formation pour les aider à relever ce défi d’ordre stratégique.

Laurent Chêne lors d’une séance de formation

Le constat est sans appel. La baisse du niveau des nouvelles générations au niveau technique – peinant souvent à maîtriser les fondamentaux de l’usinage – associée au manque d’élèves dans les filières de la mécanique se heurte à plusieurs phénomènes conjoncturels bien connus de l’industrie : reprise économique depuis quelques années et besoin d’embaucher rapidement, procédés et moyens de production toujours plus complexes nécessitant des compétences de plus en plus fines, arrivée de nouvelles technologies liées à la transformation digitale de l’usine bouleversant les process…

Laurent Chêne, chargé de formation pour la filiale française de Seco Tools, est formel : « depuis dix ans que j’occupe cette fonction, je constate que le niveau de formation des nouveaux entrants dans l’industrie ne cesse de diminuer ; au mieux, il se stabilise ». En cause ? L’arrivée sur le marché de jeunes diplômés au cursus plus académique que technique, et de nouvelles personnes fraîchement reconverties formées sur le tard et auxquelles il faut apprendre le vocabulaire, les logiques et les codes de l’industrie, avant de se pencher sur l’outil coupant en lui-même. « La demande est toujours aussi forte, il y a un gros besoin des entreprises, ajoute Laurent Chêne. C’est pourquoi en 2007, sous l’impulsion d’un de nos partenaires en Belgique et plus particulièrement de Patrick De Vos, le groupe a décidé de prendre les choses en main et de créer une offre ».

Exemple d’usinage dynamique avec la fraise carbure monobloc JS554

Le succès est au rendez-vous

C’est un tournant pour Seco. En France, l’offre de formation est lancée un an plus tard, en 2008. Et malgré la crise qui a frappé l’industrie mondiale il y a dix ans, celle-ci connaît un réel succès, répondant à des besoins latents et ce à travers trois axes : la formation interne et des équipes du groupe, celle des distributeurs et celle des clients. Fait suffisamment significatif pour être considéré comme un indicateur de tendance lourde et qui s’est littéralement inversée, la part des formations clients a explosé, passant de 35% au lancement de l’offre formation à 70% aujourd’hui ! « Notre modèle a séduit car nous réalisons, pour nos clients utilisateurs, des formations à la carte, spécifiques aux besoins réels de la production, en fonction de tel ou tel type de pièces, de leur matière ou du carbure à utiliser, du revêtement et de leur géométrie mais aussi de l’attachement. Nous formons sur l’utilisation de nos outils, les technologies d’usinage notamment sur des pièces composées d’alliages durs ou d’inox… »

Une autre force de Seco et de ses formations réside dans la réalisation de ces formations sur leurs quatre sites de production en France : Seco Reaming à la Tour-du-Pin (Isère) pour l’alésage, Seco Tools France à Bourges pour le fraisage, Seco AOB à Mortagne/Sèvre (en Vendée) pour les outils PCD et Seco Tools Tooling Systems à Bouxwiller, dans le Bas-Rhin pour les attachements. Une façon d’être en phase avec les besoins multiples des industriels. Autre cheval de bataille – pour le moment émergeant mais bien réel chez Seco Tools : l’industrie 4.0. « Pour l’heure, l’approche est philosophique ; on discute beaucoup de ces sujets avec nos clients, tant d’un point de vue technologique que de la place de l’usineur dans cette transformation profonde de l’industrie ». Pour ce qui est de sa mise en œuvre, le site de Bourges, qui fait figure d’usine pilote et de vitrine de l’ensemble du groupe suédois en matière d’industrie 4.0, a déjà beaucoup à montrer.

EQUIP’PROD  •  N° 114 Décembre 2019