Ceri ouvre les portes de son industrie 4.0
CERI
parInvestir dans les nouvelles technologies que nous a proposées la société Ceri, fabricant d’ensembles d’usinage, est la preuve parfaite et l’illustration de notre engagement dans le « Made in France » . Pour son quarantième anniversaire, l’entreprise familiale a ouvert ses portes afin de découvrir ses derniers investissements, en droite ligne avec l’Industrie du futur.
La petite commune de Louviers (Eure) n’a pas à rougir de son industrie. La présence du géant Sanofi domine la route principale qui traverse la zone industrielle ; cependant, une pléiade d’entreprises industrielles, plus ou moins grandes se succèdent depuis la gare TGV de Val-de-Reuil. Et la société Ceri, PME d’une cinquantaine de personnes spécialisées dans la production d’ensembles d’usinage, fait partie de celles-là.
L’aventure du Centre d’études et de réalisations industrielles (C.E.R.I.) a démarré il y a quarante ans, en 1976 plus précisément, dans un bungalow loué à deux associés dont Nicolas Sabia, le père de l’actuel dirigeant, Arnaud Sabia. Boust SN, le bailleur, est un fabricant de pièces mécaniques qui, ironie de l’histoire, fut quinze ans plus tard acquise par Ceri ! Avant d’en arriver là, la jeune entreprise a profité d’un important contrat, portant sur la fabrication d’une énorme machine de 20 mètres de long, pour entreprendre la construction de son premier bâtiment, à côté de Boost SN. Surfant sur la croissance de l’industrie automobile dans les années qui suivirent, Ceri s’est développé, doucement mais sûrement, et signe ses premiers contrats à l’export en 1986 avec l’Egypte puis, de manière plus significative et régulière dans les années 90, avec la Chine, le Mexique et le Brésil. « L’acquisition de Boust en 1991 nous a permis de mieux maîtriser nos approvisionnements de pièces mécaniques, précise Arnaud Sabia. Autre acquisition importante : celle de René Clément en 2002 qui nous a aidés à traverser les années de crise grâce notamment à un important contrat avec Caterpillar pour lequel nous avons réalisé quatre lignes entre 2003 et 2010 ».
Si la crise a, comme pour l’essentiel des entreprises de la région, été particulièrement violente, Ceri est parvenu à passer le cap grâce à des activités de retrofit mais aussi à la diversification de ses activités. En reprenant, en fin 2011, la société Serimatec spécialisée dans les solutions de manutention robotisées et automatisées, Ceri a pu s’ouvrir un marché dans l’aéronautique ainsi que dans les domaines pharmaceutique et agro-alimentaire. Aujourd’hui, l’activité est consacrée à 60% à l’automobile et à 40% aux engins de manutention (avec de gros clients tels que Caterpillar et Manitou notamment), et à l’électroménager ; bien qu’encore peu représenté, l’aéronautique figure comme l’un des axes de développement prioritaires pour l’entreprise normande qui ne cache pas sa volonté d’adapter ses gammes aux besoins des industriels de ce secteur à fort potentiel.
Une orientation radicale vers l’industrie du futur
La stratégie de Ceri repose sur deux axes : la fabrication de machines spéciales (en particulier pour des grands donneurs d’ordres finaux) et la fourniture de solutions complètes à partir de centres d’usinage standard. Cependant, pour répondre aux exigences d’aujourd’hui, l’entreprise a pris le parti de rendre flexibles l’ensemble de ses solutions. « Notre objectif est le suivant : rendre les machines intelligentes, de l’amont de la production au suivi de la ligne, précise Arnaud Sabia. Pour ce faire, nous avons signé un partenariat avec Siemens pour la virtualisation du process ; à partir d’un ’’jumeau virtuel’’, l’idée est de réduire les coûts de développement ainsi que les itérations et de gérer l’ensemble grâce à des capteurs embarqués et à l’IoT. Mais nous maintenons notre savoir-faire, lequel réside dans l’électromécanique ; le software n’est un levier de productivité considérable que si l’on en maîtrise la base ».
L’illustration de cette orientation est fournie par l’impressionnante machine d’usinage d’outils spéciaux conçue sur mesure pour Magafor (voir reportage réalisé dans le n° 41 d’Equip’Prod, paru en septembre 2012), et qui a valu à l’entreprise francilienne d’être lauréate du prix « Productivez » (avec mention spéciale du jury) décerné en 2014 par le Symop pour sa démarche et les gains de productivité considérables que celle-ci a générés. Plusieurs machines prennent ainsi place sur une même ligne. Géré par un seul opérateur, cet ensemble est capable de sortir un foret toutes les 20 secondes. Magafor ne s’est pas trompé et a d’ailleurs investi dans une troisième machine, exposée à l‘occasion des portes ouvertes de novembre dernier ; à signaler qu’une quatrième est déjà en route.
L’investissement et une vision d’avenir : deux composantes clés d’une stratégie
En investissant en mai 2016 dans un nouveau bâtiment de 800 mètres carrés, Ceri s’est donné les moyens de ses ambitions. « Nous commencions à être limités en termes d’espace pour réaliser notamment de plus grandes machines, à l’exemple d’un important projet de ligne avec flux entrants et sortants pour Manitou ». Plus précisément, il s’agit ici d’une machine d’alésage bi-broche dédiée à l’usinage de pièces allant jusqu’à 6 mètres de long et pouvant peser 1,2 tonne ! Autre îlot significatif, une cellule robotisée à partir d’un centre d’usinage de la marque indienne ACE Designers (filiale du groupe AMS avec lequel Ceri a conclu un partenariat stratégique afin d’intégrer ses solutions directement sur ses machines standard, proposant ainsi une offre complète et clé en main) ; ce tour associé à un robot de chargement/déchargement ainsi qu’à un chargement d’outils automatique est capable de changer automatiquement de préhenseur, d’embarquer l’électro-broche et de se remettre en route seul grâce au pilotage de la commande numérique Siemens. Ainsi, il n’est plus besoin de compétences en robotique.
Plus loin, un îlot de perçage destiné à des opérations sur des freins à disque pour le compte d’un site de Renault-Nissan implanté en France met également en œuvre un process complet, tout comme le centre d’usinage AMS 4 axes destiné à l’usinage de pistons dans une unité de production Daimler-Mercedes en Hongrie. L’export est d’ailleurs une des forces de Ceri qui y consacre pas moins de 55% de son chiffre d’affaires ; une force que l’entreprise doit à la technologie mais aussi et surtout à une vision à long terme.
N° 85 Février/Mars 2017