L’Alsace, un territoire 4.0
ALSACE EXCELLENCE
parEn se tournant vers l’usine du futur, l’Alsace écrit une nouvelle page de son récit industriel, laquelle s’articule autour d’un nouveau modèle d’usine ancré dans l’ère digitale, économe en énergie et centré sur l’homme. La finalité de cette vision d’excellence consiste à accélérer la modernisation de l’outil productif alsacien, à porter les entreprises régionales au premier rang dans la compétition mondiale et à créer de nouveaux emplois, notamment à travers le label Alsace Excellence.
L’Alsace, une terre de référence pour l’usine du futur ? C’est en tous cas le mouvement initié et imprimé par le Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation porté par la région Grand Est. De fait, pour gagner en compétitivité, il est impératif de pouvoir répondre dans des délais toujours plus courts et développer des parts de marché ; l’industrie est alors soumise à l’obligation d’accélérer la mise à niveau de son outil productif. La dernière révolution industrielle prend forme sous nos yeux et donne naissance à une nouvelle génération d’usines.
L’ensemble du secteur industriel est entré dans une phase de profonde mutation qui voit les technologies numériques s’intégrer au cœur des processus industriels. L’usine du futur doit ainsi être mieux automatisée, plus sobre en ressources, plus intelligente, avec des modes de production modulables capables de réaliser des productions personnalisées ou en petite série. Une usine connectée, robotisée, informatisée mais surtout pas dépourvue de talents.
Un environnement propice
L’Alsace constitue un environnement favorable entre les sites pilotes, les « offreurs » de solutions technologiques, les réseaux de sous-traitants, les centres de recherche appliquée (SATT, Conectus, écoles d’ingénieurs, CRITT), les industriels et les start-up ; les exemples d’entreprises alsaciennes tournées vers l’usine du futur et labellisées Alsace Excellence se multiplient. À Brumath par exemple, la société SEW-Usocome, spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes complets de motorisation, a inauguré en 2015 une nouvelle usine de montage et réinventé ses process.
Le site de 32 000 m2 n’est pas seulement destiné à augmenter les capacités d’assemblage de l’entreprise. Il représente aussi un projet de production extrêmement abouti, où les interconnexions sont présentes tout au long du processus grâce à une automatisation soigneusement réfléchie afin notamment de fonctionner efficacement avec un minimum de stock. Pour les dirigeants de la société, le défi de l’usine du futur implique une production ciblée, dans une proximité avec les fournisseurs et les clients, qui sont totalement associés au système. « Dans la compétition mondiale, nous ferons la différence à deux niveaux : la variabilité de nos gammes de produits et la réduction maximale des délais de production, assure Éric Hoffstetter, directeur de l’usine de Brumath. En capitalisant sur notre expertise en automatismes et en travail collaboratif, nous avons conçu une usine qui repense la collaboration homme-machine, l’interface Internet entre l’usine et ses fournisseurs, entre l’usine et ses clients ».
De son côté, Socomec a investi à Benfeld près de 4M€ dans un centre industriel et logistique illustrant le savoir-faire du groupe en matière de bâtiment intelligent. «Cette installation à énergie positive traduit les engagements de Socomec en matière environnementale, souligne Gilles Rocchia, directeur de l’innovation de Socomec. Nous avons travaillé sur les apports énergétiques naturels. Le bâtiment offre ainsi une autonomie maximale grâce à la consommation de l’énergie solaire produite localement et réinjectée sur le réseau. Des outils de mesure et de pilotage automatique ont été mis en place, ainsi que des descentes de stores, des brise-soleil, une gestion du niveau d’éclairage ou des détecteurs de présence. Ces avancées restituent aussi notre cœur de métier puisque nous sommes des experts dans la conversion et le stockage de l’énergie, dans le contrôle de la puissance et la supervision des réseaux électriques ».
En course dans la transition énergétique, Socomec est aussi en phase avec la transformation numérique. « Celle-ci impacte la chaîne de production et d’approvisionnement dans l’optique d’une flexibilité totale au service du client », confirme Philippe Fillinger, directeur industriel. Chez Socomec, Internet participe à toutes les solutions proposées aux clients qui peuvent visualiser le stock et l’évolution de leurs commandes.
Agilité et responsabilité dans un monde qui va toujours plus vite
Créer de la rentabilité et de la productivité tout en préservant l’environnement et le bien-être des salariés : c’est le credo de Pöppelmann. Cette filiale d’un groupe allemand basée à Rixheim est spécialisée dans la transformation des matières plastiques en pièces techniques de haute qualité. Elle a investi plus de 15M€ entre 2004 et 2015 sur le site alsacien. « Nous avons notamment construit un nouveau site assurant une productivité optimale, que ce soit en termes de production ou de maintenance, commente Hubert Schaff, directeur général de l’entreprise. Sa spécificité est un approvisionnement en sous-sol. Les matières premières mais aussi l’énergie partent de là. Tout est automatique, grâce à l’informatique et l’électronique. La maintenance est facilitée, la productivité accrue, les risques d’accidents réduits et les gains de place obtenus permettent de rentabiliser la surface au sol. Le hall a été conçu pour notre avenir ».
Pöppelmann a également pris le virage de la transformation numérique. « Avec la généralisation des composites et de la mécatronique, par exemple, il est indispensable de disposer de nouveaux outils numériques servant à simuler les produits, et de nouveaux moyens de production pour les assembler, explique de son côté Frédéric Da Silva, directeur technique. L’évolution vers l’automatisation et la digitalisation s’accompagne d’une démarche de plan de progrès et d’intelligence collective, où chacun est acteur de son développement. L’usine du futur doit rester agile et intégrer de nouvelles compétences. Il ne suffit pas d’améliorer la connectivité des machines. C’est tout le monde de la production qui évolue ».
Construire une usine du futur, c’est tout repenser : la supply chain, les opérations, l’humain, les ressources ainsi que les interfaces. « Nous aidons les entreprises à structurer tout cela, ajoute Marc Nass, directeur du bureau d’études d’AEMO à Sausheim. Une démarche en trois temps qui consiste à exprimer les besoins, à hiérarchiser les priorités et à associer les budgets. Et il ne faut surtout pas penser que les usines du futur ne s’inventent que chez les géants de l’industrie. Toutes les entreprises ont des machines qu’il suffit de connecter à la modernité. Les technologies ont beaucoup évolué et sont accessibles à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Entre méthodologie et technologie, l’usine du futur est à la portée de toutes les entreprises. Et ça, c’est une très bonne nouvelle ».
N° 85 Février/Mars 2017