La nécessité d’accompagner les entreprises industrielles dans leur transformation globale
CETIM
parDans cet entretien, Pierre-Marie Gaillot, de la direction Transformation 4.0 du Cetim, revient sur les besoins et les attentes des entreprises industrielles en matière de transformation globale (numérique mais pas seulement) et les actions d’accompagnement qu’il mène afin d’y parvenir.
Équip’Prod :
> Monsieur Gaillot, en quoi consiste précisément votre rôle ?
Pierre-Marie Gaillot
Je dirige l’activité consacrée à l’accompagnement des entreprises industrielles et manufacturières dans leur transformation au sens large. Ce service d’accompagnement a vu le jour en 2005 et ce à travers de multiples programmes de transformation industrielle. Puis à la fin août 2017, le Cetim a créé le Plateau Industrie du Futur, une initiative qui s’est développée au moment où s’imposaient les concepts d’« outil productif » et d’« usine du futur », mais qui a évolué en intégrant d’autres éléments comme la recherche de la satisfaction client, l’humain ou encore l’environnement.
> Quel constat dressez-vous dans le domaine de la transformation des entreprises françaises ?
À l’échelle de la société tout entière, nous vivons une période de transformation conjoncturelle et hybride. Celle-ci réunit de multiples sujets : le climat, les ressources, la biodiversité, le vieillissement de la population, les mutations économiques, la mobilité et la diversité des transports, sans oublier les évolutions technologiques et numériques, et toutes les questions d’éthique qui les accompagnent.
Tout cela vient impacter le monde de l’entreprise, en particulier en matière de développement numérique, avec des solutions venant irriguer le marché. Celles-ci répondent aux besoins des entreprises industrielles d’être plus agiles et apprenantes, dans leur transformation environnementale et énergétique, dans leur nouvelle relation au travail et dans leur intégration au sein d’un territoire donné.
> Quelles sont les attentes des entreprises en matière d’industrie 4.0 ?
Les priorités des entreprises sont multiples mais on constate que la grande majorité d’entre elles ont encore une logique défensive. Beaucoup voient en effet dans l’industrie 4.0 le moyen de faire la même chose mais en mieux : produire plus et mieux, à moindre coût. Notre rôle est de leur ouvrir, au contraire, une autre voie, celle de la transformation avec le développement de nouveaux services, l’ajustement de leur modèle économique et une manière différente de faire du business et d’élever le niveau de gamme de leurs offres.
Les principales attentes des entreprises concernent, pour un tiers d’entre elles, la supervision de l’atelier et la numérisation des métiers, près d’un quart cherchent à renforcer leurs capacités à mieux comprendre les process et mieux maintenir les équipements, en exploitant notamment le potentiel des objets connectés. D’autres sujets plus anciens restent cependant d’actualité comme la mise en place d’un ERP, l’acquisition de nouveaux moyens de production ou de solutions robotiques.
> Quelles actions menez-vous auprès des entreprises ?
Notre champ d’action est large. Il comprend l’élaboration d’un plan de transformation, l’offre 4.0 (services additionnels aux produits), le fait de rendre l’entreprise agile et apprenante, le pilotage au quotidien pour être plus résilient, la formation-RH et l’excellence opérationnelle… au total, nous formons près de 800 entreprises par an et nous avons pour but de dépasser le millier.
> Quelle est votre vision de l’industrie 4.0 ?
De toute évidence, la transformation numérique doit s’accompagner d’une transition environnementale. C’est pour moi les deux faces d’une même pièce. Il n’y a donc plus d’opposition mais une juxtaposition d’éléments désormais indissociables : à la performance industrielle et productive viennent s’ajouter la performance environnementale et la RSE. Ces éléments doivent répondre aux attentes du marché, aux nouvelles réglementations en vigueur et aux nouveaux critères d’achat. De même, l’entreprise doit revoir son organisation interne et ne plus travailler en silos mais en totale coopération entre les services ; le monde du « co » sera le monde de demain…
Propos recueillis par Olivier Guillon
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