Lubrifiant : faire plus avec moins, l’équation gagnante… et responsable

« La période d’incertitude que nous traversons agit comme un accélérateur de changement propice aux nouvelles technologies de lubrifiants de coupe », nous explique Philippe Lacroix le dirigeant de Blaser Swisslube en France. Cela impacte deux lignes de produits qui connaissent un véritable engouement.

Équip’Prod : Quelle est la situation du marché des lubrifiants de coupe ?

Philippe Lacroix : Comme tous nos confrères, la pénurie mondiale de matières premières, tant végétales que minérales, impacte nos conditions d’approvisionnement. Cela concerne également les différents composants qui entrent dans les formulations des produits du marché. Et, cerise sur le gâteau, la demande mondiale n’a jamais été aussi haute.

Comment réagissent les entreprises ?

Après une phase d’acceptation, nombre d’utilisateurs s’interrogent sur la conjoncture à venir. Ils ont besoin de cerner tous les paramètres d’une production de qualité à coûts maîtrisés pour garantir les prix aux clients et consolider leur marge.

Il est toujours difficile de subir les lois du marché. Quelles perspectives s’offrent aux utilisateurs ?

Déjà, globalement, nous observons que des produits référencés disparaissent du catalogue parce que la production de composants additifs n’est économiquement plus rentable ou pour des raisons législatives ou sanitaires. Je prends pour exemple la présence de graisse animale utilisée par certains formulateurs. 

C’est particulièrement gênant de constater que votre lubrifiant voit sa composition modifiée. Un véritable problème pour des secteurs aussi sensibles que le médical et l’aéronautique dont les fabrications exigent une homologation et une traçabilité sans compromis, mais aussi pour  les autres utilisateurs. Ce type de problème est très limité chez Blaser. 

Dans les autres cas, la solution du recyclage permet d’agir directement sur le coût des approvisionnements. Pour autant, le changement dans la perspective d’améliorer la performance, la qualité et une gestion écologique est une solution qui peut rapporter gros pour au moins 80 % des utilisateurs, petites ou grandes structures, pour des usinages conventionnels ou spécialisés.

Pouvez-vous leur offrir des solutions dans ce contexte perturbé ?

Certainement. Il faut d’abord préciser que chacun trouvera une réponse qui peut lui correspondre en fonction de son métier et de ses équipements de production… Bien souvent, la logique d’une approche maîtrisée des coûts, à défaut de maîtriser le prix d’achat d’un consommable, c’est de réduire la consommation. C’est précisément une des qualités dominantes de nouvelles générations de lubrifiants, soluble ou huile entière, développées par Blaser Swisslube. Les gammes B-Cool MC et Blasomill connaissent un véritable essor. Outre leur productivité, ces produits offrent des gains écologiques et économiques qui marquent une différence notable par rapport aux produits couramment utilisés.

Pouvez-vous nous en dire plus à leur sujet ?

Je commencerai par la gamme des B-Cool MC en pensant à tous les professionnels de la mécanique de précision pour lesquels les priorités sont la recherche de lubrifiant de coupe avec une forte polyvalence matière usinée et/ou gérant une diversité de process d’usinage. Après des années de travail et d’essais, nos chercheurs et ingénieurs de développement ont soigneusement élaboré plusieurs stratégies et profils d’huiles afin d’optimiser tous les critères et d’offrir une réponse ciblée au contexte de travail et aux objectifs de chacun. Cette série de solubles B-Cool MC se décline désormais sur différents registres. Pour certains, cette recherche de polyvalence concerne la diversité des matières usinées  :  aciers, fontes, réfractaires, mais aussi alliages base aluminium ou cuivre, PVC et composites. Pour d’autres la priorité sera donnée par l’amplitude des vitesses de coupe, du fait du parc machines (anciennes et récentes), et la diversité des process qui exige une qualité du lubrifiant capable de procurer le meilleur niveau de productivité et de fiabilité.

Cette technologie d’huile soluble se distingue par la faiblesse des rajouts et sa longévité. Elle offre des résultats remarquables de productivité quel que soit le dispositif d’arrosage : traditionnel ou par immersion, au centre de l’outil ou à très haute pression. Sa formulation s’appuie sur une huile minérale hautement raffinée. Le produit est exempt de chlore, de bore, d’éther de glycol, de métaux lourds, de silicone et de nitrosamine… un produit non agressif et sain qui bénéficie d’un étiquetage « ! ». C’est un produit apprécié par les opérateurs : le fluide reste transparent. Il est non gras et ne tache pas. Pièces et machines restent propres, sans agression ou corrosion des pièces, de la peinture, des joints ou des soufflets des machines.

Et quel est votre conseil dans le registre des huiles entières ?

À partir d’une base d’huile Gas To Liquid hautement raffinée, nous avons développé tout un ensemble de solutions au sein de la gamme Blasomill. Leur niveau de productivité dépasse tout ce que nous connaissons aujourd’hui avec les huiles entières traditionnelles. Les propriétés physiques de nos huiles GTL se caractérisent par une évacuation d’air d’une rapidité incomparable. Combinées avec une formulation adaptée, il en résulte un pouvoir coupant de très haut niveau et des capacités de refroidissement très élevées. En effet, la baisse de performance d’un process est souvent liée aux limites d’échauffement de la pointe de l’outil en prise avec le copeau. La valeur élevée du point d’éclair (320°) ajoute encore des possibilités d’augmentation de vitesse sans usure prématurée des outils. 

Cristalline et incolore, Blasomill GTL va faire toute la différence : d’une part sur les usinages délicats en limitant les efforts grâce à une lubrification qui exclut toute présence d’air sur la zone de contact. D’autre part en productivité sur des matériaux difficiles ou durs en permettant l’utilisation de grande vitesse au meilleur du ratio qualité/productivité.

Ce lubrifiant limite le phénomène de vapeur et de brouillard. Par ailleurs, il n’adhère pas aux copeaux et relargue facilement les impuretés. Il y a donc peu de pertes. Un gain écologique très économique !

Comment aller vers toujours plus d’écologie et d’économies ?

Il existe de nombreuses actions qu’il est possible de mettre en œuvre. Certains de nos clients ont obtenu dans un premier temps jusqu’à 50 % de baisse de consommation. Aidés par nos conseillers, ils ont poursuivi leur démarche et obtenu de nouveaux résultats très significatifs. 

Pour être sur le bon chemin, il faut construire sur une base de qualité. Choisir le lubrifiant adapté, correctement utilisé et entretenu, ce que nous appelons « l’Outil liquide » chez ­Blaser Swisslube. 

Une fois cette étape franchie, un processus de récupération et de recyclage optimisé du lubrifiant usagé peut être mis en œuvre et adapté au contexte de l’atelier. Les conseillers Blaser sont bien armés pour accompagner leurs clients dans cette démarche. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’ensemble des partenaires du secteur de la lubrification : récupération des brouillards d’huile, essorage des copeaux, recyclage et gestion centralisée, suivi et traitement du lubrifiant en mode « 4.0 »… Il existe aussi des incitations publiques.

Au final, on peut estimer que plus nous entretenons le capital lubrifiant de l’entreprise et moins nous consommons. Les coûts de production sont maîtrisés y compris les coûts d’outils et d’électricité avec un lubrifiant performant et adapté. L’Outil liquide est plus que jamais un investissement productif porteur de gains économiques et d’une valeur ajoutée écologique. 

EQUIP PROD • N°137 Juin 2022