Relever les défis du médical
CETIM-CTDEC
parAvec une croissance régulière et soutenue, le marché mondial du médical profite, sans nul doute, aux décolleteurs français. Mais, comme le rappelle Pascal Roger, responsable du pôle Usinage et Production du Cetim-Ctdec, la complexité des pièces, l’évolution des normes ou encore la fabrication additive sont autant de défis que les industriels français doivent relever pour maintenir leur rang.
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Comment se porte le marché du médical, et tout particulièrement dans les métiers du décolletage ?
Pascal Roger
Avec une croissance régulière comprise entre 5 et 7%, ce marché à la fois vaste et global est porté par le vieillissement de la population, l’élargissement de l’accès aux soins médicaux et chirurgicaux (en particulier dans les pays émergents) et les avancées à la fois dans la recherche médicale et dans les technologies ; ce dernier aspect concerne beaucoup les décolleteurs et, plus globalement, l’usinage car, qu’il s’agisse de dispositifs médicaux (orthopédiques, cardio-vasculaires, d’appareillages, d’équipements pour l’imagerie, d’outils chirurgicaux…) ou d’implantologie (hanche, genou, rachis, doigt…), ces avancées techniques impliquent bien souvent l’utilisation de composants et de pièces aux géométries très complexes. D’ailleurs, ces pièces ouvragées ne concernent plus seulement le décolletage mais également d’autres techniques d’usinage dont le fraisage. Quant au dentaire, il représente un marché à part entière, en raison de sa forte croissance, en particulier en France ainsi que dans d’autres pays comme la Chine et l’Inde.
Quelles sont les attentes des industriels du décolletage vis-à-vis du Cetim-Ctdec ?
Les besoins des industriels concernent plusieurs points, au premier rang desquels la technologie, du fait de la complexité des pièces. Il est nécessaire pour les décolleteurs d’acquérir des moyens de production de plus en plus performants, ainsi que les compétences, afin d’utiliser de façon optimale des machines multi-axes et muti-process. Au sein du Cetim-Ctdec, nous assurons des prestations d’assistance technique à la fois sur les phases d’industrialisation, d’utilisation de la FAO et de toute la chaîne numérique ; certaines de ces pièces, comme les vis à os par exemple, exigent de maîtriser des techniques bien particulières telles que le tourbillonnage. Nous assurons également de la formation pour le montage et le réglage des machines.
Notons que notre centre est aujourd’hui associé au Cetim, ce qui nous permet de répondre de manière plus efficace et complète aux demandes des acteurs du décolletage et de la mécanique ; nous avons la possibilité de mobiliser des moyens supplémentaires et complémentaires, par exemple en matière de modélisation et de simulation numérique ou encore pour des essais de sollicitation mécanique de prothèses notamment. Nous travaillons dès lors beaucoup avec le Cetim St-Étienne.
Quelles sont les perspectives pour les décolleteurs français dans le médical?
D’autres défis attendent les décolleteurs, comme les problématiques liées à la propreté des pièces. Les exigences de plus en plus fortes en la matière poussent les industriels du secteur à nous solliciter encore davantage afin de respecter le protocole QI-QO-QP (Qualification d’installation, opérationnelle et de performances). D’autant que les normes ISO 13485 impliquent de mettre en œuvre un management de la qualité conforme pour aborder le marché européen ; l’ISO 13485 fait d’ailleurs l’objet d’une Action collective régionale pour accompagner les entreprises de la région Auvergne Rhône-Alpes. Enfin, l’heure est à l’impression 3D et à la fabrication additive (en croissance de 15% depuis 2013) ; cette technologie fait l’objet d’une veille particulière de la part des décolleteurs dans la mesure où certaines pièces peuvent désormais être produites selon ces nouveaux procédés.
N° 74 mars 2016