Cetim-Ctdec renforce ses compétences dans le médical

Entretien avec Pascal Roger,  responsable du pôle « Usinage et production »

Pascal Roger nous explique pourquoi le secteur médical prend une importance croissante au sein du Cetim-Ctdec et quel impact ce marché aura sur les décolleteurs travaillant sur les dispositifs médicaux implantables pour l’orthopédie et le dentaire, ainsi que l’instrumentation médicale et chirurgicale.

Équip’Prod    

À quelles problématiques les décolleteurs sont-ils aujourd’hui confrontés dans le médical ?

Pascal Roger  

Les problématiques sont multiples. Elles concernent tout d’abord les matières utilisées puisque le marché du médical amène les industriels à travailler des matières plus complexes à mettre en œuvre comme le titane, l’inox ou le peek. Il est donc primordial d’acquérir des compétences supplémentaires en usinage. Les différentes exigences : dimensionnelles, états de surface, ultra-propreté…  représentent des contraintes pour les industriels se lançant sur ce marché. En effet, il devient essentiel de maîtriser toutes les étapes d’usinage de la pièce, jusqu’à son nettoyage. De plus, ces différentes étapes doivent être isolées (souvent exigée par les donneurs d’ordres) afin d’éviter tout risque de contamination. Enfin, le conditionnement, l’emballage et la traçabilité des pièces sont également au cœur des problématiques des usineurs. L’ensemble de ces exigences amène les entreprises usinant des dispositifs médicaux à optimiser l’organisation de leurs ateliers.

Qu’en est-il de la variété des pièces ?

Les technologies médicales ont vu leur développement croître ces dernières décennies avec l’émergence de nouveaux appareils d’imagerie médicale, le développement de la robotique médicale, et la démocratisation des prothèses et autres dispositifs orthopédiques. Cette croissance induit l’existence d’une grande variété de pièces à destination du marché du médical.

Cette diversité de pièces représente une contrainte pour les entreprises qui doivent alors maitriser de nombreuses compétences. Toutefois, les fabricants de dispositifs médicaux ont aujourd’hui tendance à rationaliser leurs produits ; un même dispositif peut être appliqué à plusieurs types d’interventions. Enfin, on assiste à une personnalisation des implants de façon à être les plus adaptés possibles au patient.

De nouveaux moyens sont utilisés pour répondre à ces évolutions : simulation numérique, machines multi axes, outils de CAO et fabrication additive sont de plus en plus usités par les entreprises. Ces moyens sont également un centre d’intérêt émergent pour le Cetim-Ctdec.

Quelles sont les compétences et le savoir-faire du Cetim-Ctdec dans le domaine médical ?

Au Cetim-Ctdec, nous nous focalisons sur l’industrialisation et la fabrication en tant que telles. Nos moyens techniques nous permettent de maîtriser le montage des machines, la coupe, des techniques d’usinage complexes comme le tourbillonnage (pour la réalisation de vis à os par exemple), la programmation et le réglage de machines complexes (multi-process).

Le Cetim-Ctdec intervient dans la qualification de processus (QI, QO, QP) et accompagne les entreprises à la certification ISO 13485 en proposant des prestations d’audits, de formations et de conseils. Nous mettons à disposition des ressources permettant de procéder à la classification de dispositifs médicaux, l’élaboration de dossiers techniques pour obtenir le marquage  CE ou encore pour faire du suivi post-market. Enfin, le Cetim-Ctdec est en mesure de réaliser du contrôle non destructif (CND).

Que vous apporte dans ce domaine le rapprochement avec le Cetim ?

Les deux centres techniques présentent une offre complémentaire. Le Cetim intervient davantage dans la phase amont d’un projet. Il est en mesure d’accompagner les entreprises sur l’ensemble  de la chaîne de conception. Les méthodes et moyens techniques mis à disposition (simulation, essais biomécaniques…) permettent de maitriser les risques et renforcent la robustesse de la conception. Le Cetim-Ctdec accompagne et forme les entreprises dans les phases d’industrialisation et de production. Le rapprochement des deux structures permet ainsi de proposer une offre complète couvrant le cycle de vie d’un dispositif médical usiné.

N° 64 mars 2015